La valse des banques centrales affole les marchés

Publié le 26/10/2015

La BCE et la Fed donnent rendez-vous en décembre.
La dépendance des marchés à l’égard des banques centrales devrait perdurer d’ici à la fin de l’année. La Banque centrale européenne vient en effet de donner rendez-vous aux marchés le 3 décembre pour, sans doute , annoncer une nouvelle étape dans son QE, son plan de rachat d’actifs . Le président de la BCE, Mario Draghi, a su, une nouvelle fois, trouver les mots pour rassurer les marchés , mais il a surtout créé une attente énorme autour de la dernière réunion de la BCE en 2015. Or celle-ci interviendra deux semaines avant une autre réunion, tout aussi décisive pour les marchés, celle de la Fed, le 16 décembre. Le suspense reste entier concernant l’annonce d’une hausse des taux à cette date après le faux bond du mois de septembre et alors que personne n’anticipe un tel geste en octobre. Malgré tout, selon Aurel BGC, la réunion de cette semaine doit « laisser la porte ouverte à une hausse des taux en décembre, sinon les anticipations de statu quo, au moins jusqu’à la fin du premier trimestre 2016, seront validées sur les marchés et la fête pourra continuer ».
A ce titre, l’inaction de la Fed et la promesse d’une action de la BCE ont favorisé le regain de vitalité des actions après un mois de septembre noir. La Bourse de Paris a rebondi de près de 13 % depuis son point bas du 29 septembre, le Nasdaq a repris 11,7 % et le S&P 500 10 %.
Course à l’échalote
Il faut dire que les banques centrales sont lancées dans une course à l’échalote face au risque de déflation, mais aussi pour maintenir la compétitivité de leur économie via leur monnaie. A ce jeu, un nouvel acteur est d’ailleurs en train de prendre de plus en plus d’importance, la PBOC, la banque centrale chinoise, dont la stratégie n’a pas toujours été bien comprise par les marchés. L’annonce d’une nouvelle baisse des taux a rappelé que, à l’instar de la BCE, la PBOC conservait une importante marge de manœuvre pour accompagner les mutations de son économie.
Si les banques centrales gardent la main sur les marchés financiers, le scénario écrit en début d’année a changé à court terme. La grande divergence attendue entre la Fed d’un côté et de l’autre la BCE et la Banque du Japon a perdu de son acuité en raison des hésitations de la Fed . Or, rappelle Bruno Cavalier chez Oddo Securities, « le cycle économique de la zone euro accuse un large retard, sans doute de plusieurs années, par rapport au cycle des Etats-Unis. On doit donc tout faire pour s’assurer que le cycle de la BCE soit lui-même largement décalé par rapport à celui de la Fed. Si la Fed ne monte pas ses taux assez vite, la BCE n’aura d’autre choix que de montrer qu’elle peut aussi assouplir davantage sa politique monétaire ». C’est le message implicite adressé en fin de semaine par la BCE, avec comme enjeu la baisse de l’euro face au dollar. De ce point de vue, Mario Draghi a réussi son coup jeudi, la monnaie européenne retombant à près de 1,10 dollar.